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Fonctionner en ateliers autonomes - De la théorie à la pratique
On a tous les mêmes questions en tête
Comment réussir à aider TOUS mes élèves ?
Comment respecter le rythme de CHACUN ?
Comment dégager du TEMPS pour les plus fragiles ?
Comment nourrir les plus rapides ?Comment DIFFÉRENCIER ?
Comment faire ÉVOLUER SA PRATIQUE pédagogique pour qu'élèves
et enseignant y trouvent leur compte ?
Voici une piste de réflexion, un petit "focus" :
Un fonctionnement en ateliers autonomes et regroupements, à l'élémentaire, pourrait-il apporter des solutions à ces questions?
Voici quelques pistes concrètes et quelques apports plus théoriques, glanés au fil de mes recherches.
Sommaire :
I - Qu'entend-on par ateliers ?
Les conditions de l'autonomie
II - Pourquoi des ateliers ?
Pour répondre à l'hétérogénéité en différenciant
Hétérogénéité, oui, mais l'a-t-on vraiment cernée ? Tous différents
Adapter l'apprentissage, oui, mais en a-t-on pris vraiment les dimensions ?
Quelle pédagogie ? Freinet, Montessori,...Et les recherches en neurosciences ...
III - Comment concrètement mettre en place des ateliers autonomes ?
une illustration à travers une pratique
PREMIÈRE PARTIE :
Qu'entend-on par ateliers ?
Les conditions de l'autonomie
L'atelier est une forme d'organisation de travail.
Mais à l'usage, on a appelle atelier aussi bien la tâche à accomplir, que le matériel y étant associé, que le lieu physique où doit se dérouler cette tâche ...
C'est essentiellement une réponse pour favoriser la différenciation en classe.
Les fonctionnements peuvent alors varier suivant les objectifs visés1- avec la formation de groupes d'élèves
- Groupes homogènes de besoin
- Groupes hétérogènes pour la coopération- Pas de groupe spécifique, mais des individualités
- libres de choisir de travailler en duo, trio non imposés
2- avec le positionnement/rôle de l'enseignant
- encadrement d'un atelier dirigé / les autres sont autonomes
- pas d'atelier spécifique, l'enseignant observe, aide autant
que besoin
L'invariant, c'est l'autonomie d'une partie de la classe, permettant ainsi de libérer des contraintes pour la différenciation.
Quelles conditions pour l'autonomie ?
Qu'attendons-nous d'un élève autonome ?
L'autonomie est un objectif pédagogique observable dans le domaine du « savoir être » (attitudes) : il doit être capable de ...- Comprendre une consigne
- Réaliser le travail demandé
en planifiant ses tâches,
en utilisant ressources ou aides
en gérant le temps- S'auto-évaluer
Pour que des ateliers fonctionnent,
il y a des conditions à intégrer sur les groupes autonomes :
l'impact sur la préparation et présentation des ateliers ?
- les ateliers doivent être présentés aux élèves
pour expliciter la consigne
pour expliciter ce que ça va leur apprendre
pour leur montrer où et comment le chercher, puis le ranger
- ils doivent pouvoir être un maximum auto-correctifs
- lors de leur utilisation, les pairs peuvent aider
Le sens des ateliers
Assurer une simple rotation d'activités identiques pour chaque groupe d'élèves n'est pas l'organisation optimale pour justifier une mise en place d'ateliers.
Sous forme d'ateliers tournants, le travail de groupe doit avoir du sens
- La tâche ne peut être réalisée seule
- La tâche crée des divergences de point de vue
- La tâche nécessite un matériel insuffisant pour l'ensemble de la classeTournant ou individuel,
l'atelier doit permettre l'apprentissage
- L'exécution de la tâche met en jeu les apprentissages visés
- La tâche est idéalement modulable, elle peut être facilitée ou complexifiée
- La durée de la tâche peut éventuellement varier
- La tâche est concrète, son résultat est mesurableL'intérêt est d'apporter une réponse effective de différenciation:
DEUXIÈME PARTIE
Pourquoi des ateliers ?
Pour répondre à l'hétérogénéité en différenciant
Hétérogénéité, oui, mais l'a-t-on vraiment cernée ?Chercher à comprendre l'hétérogénéité
et en quoi les ateliers permettent de mieux l'appréhender ?
Tous différents
Votre classe ressemble sûrement à la mienne .
Il n'y en a pas 2 pareils ? Il y en a 27... différents.
Ils bougent, ils parlent, bref, ils vivent? Les miens aussi !
L'étape suivante est alors de se pencher sur leurs différences,
de mieux les comprendre, pour mieux y répondre.
Différents, oui, mais dans quelle mesure sont-ils différents ?
Une petite citation éclairante :
Une catégorisation illustrée :
En quoi les ateliers y répondent :
Une théorie en lien avec les neurosciences pour prendre en compte les différences de nos élèves : les intelligences multiples (IM)
La théorie d'Howard Gardner
Howard Gardner : Psychologue cognitiviste américain né en 1943.
Il mène depuis les années 60-70 des recherches sur l'intelligence :
comment la qualifier. Il propose une approche (théorie) qui renouvelle la vision traditionnelle. Elle vise à expliquer qu'il existerait 7 formes d'intelligence, qui recouvrent l'ensemble des capacités humaines.Donc non pas une, mais de multiples intelligences :
- intelligence verbale et linguistique
- intelligence logico-mathématique
- intelligence spatiale
- intelligence corporelle et kinesthésique
- intelligence musicale
- intelligence interpersonnelle
- intelligence intrapersonnelle
Une huitième a ensuite été ajoutée : l'intelligence naturaliste.
Une neuvième serait à l'étude : existentielle/spirituelle
ma version avec des silhouettes :
En cliquant sur l'image ci-après, le détail des champs recouverts apparait.
Quoi retenir ?
Chacun est intelligent car possède ces intelligences,
mais chacun est différent car développe différemment ses intelligences.
Une capsule vidéo toute simple et très bien faite pour illustrer :
Ci dessous un diaporama plus complet pour les visuels, très bien fait (pas de moi) pour reprendre les grandes lignes de la théorie de façon plus théorique ! :
http://www.ecoles.ec56.org/IMG/ppt/Les_intelligences_multiples.ppt
Côté école
Selon l'approche de H. Gardner,
une clef pour résoudre les problèmes ou difficultés du système éducatif actuel serait d'intégrer à nos modèles d'apprentissages
la dimension de ces intelligences dans leur ensemble,
plutôt que de se contenter de développer seulement les deux premières...
qui restent encore et pourtant prégnantes
(et l'objet notamment de nos tests QI)
Quelles sont vos intelligences multiples ?
Voici une vidéo de classe (CE2, mais transposable),
où les élèves cherchent à caractériser eux-même leurs intelligences,
sous forme d'atelier, prenant ainsi conscience qu'ils sont intelligents,
chacun à leur façon.
Une interview d'Howard Gardner pour achever de vous convaincre !
http://apprendreaeduquer.fr/intelligences-multiples-gardner/
Intérêts
- mieux connaître l'enfant pour mieux adapter l'apprentissage
- varier les entrées dans vos propositions
pour espérer toucher et cibler le plus grand nombre,
voire offrir la clef qui déverrouillera l'un d'eux
- créer du plaisir chez l'apprenant
Un article très bien fait qui synthétise les apports pour les élèves comme pour l'enseignant et qui donne quelques premières pistes d'exploitation :
http://www.taalecole.ca/evaluations/les-intelligences-multiples/
Les limites ?
Et bien cette théorie n'en est qu'une et est même contestée, pas de preuve de recherche. Donc, y adhérer peut augmenter une préoccupation de l'élève en tant que personne, mais n'a pas de justification côté recherche sur cette définition/ format d'intelligence.
Elles nous sont propres (temps, moyens techniques...)
Impossible de recouvrir les 8 intelligences pour une même notion/leçon !
L'enjeu n'est pas là.
Il est déjà d'y penser régulièrement,
d'offrir dès que l'on peut de la variété.
Les ateliers y contribuent, tout comme les temps de regroupement
(notions, centres d'intérêts, visuel, oral, ....)
Les formes de travail variées également (tutorat, individuel,duel, ...)
Implications/Idées pour la classe
un exemple sur le graphisme en C1
un exemple sur la proportionnalité en C3
Où trouver des supports et idées sur le net et ailleurs ?
On peut essayer dans un premier temps à chercher à mieux connaître ses élèves.
Je pense qu'on ne peut faire l'impasse d'une petite relation duelle,
sous forme de questionnement et de questionnaire,
tout en montrant qu'on s'intéresse à qui ils sont
Je me suis servie de ce questionnaire pour ma classe de CP
(64 questions par enfant, mais ça vaut le coup)
On peut ensuite travailler sur la connaissance des différents types d'intelligence
en introduisant des personnages
etc ...
Puis faire compléter une silhouette par enfant pour le définir :
Ma chère collègue et non moins amie Céline M.
nous a trouvé un album de jeunesse extra pour poursuivre/illustrer
ces silhouettes :
Quelques illustrations trouvées sur pinterest pour vous motiver ! :
Pour chaque cycle, c'est adaptable, du dessin au c1, à l'écrit au C3 ...
Il va sans dire, que construire sa propre silhouette
développe l'intelligence intra-personnelle de chaque élève !!
Un autre album tout à fait adapté :
Un descriptif : ici
Côté contenu au quotidien ?
Exemple pour une approche de textes littéraire
Il n'est pas attendu de tout faire, bien sûr !
Mais apporter, offrir différentes entrées sur l'année,
parfois deux ou trois sur un même texte mettra en valeur différents talents :
- écouter l'histoire (musicale/auditive)
- lire seul l'histoire (intra-p)
-lire l'histoire à d'autres (collectif, binôme, ...donc inter-p ...)
- séquentielles ou parties de texte à ré-ordonner (kiné-)
- transformer l'histoire en dialogue (inter-p.)
- transformer l'histoire en BD (kiné-, visu-spatiale)
- jouer le texte (inter et spatiale)
- mettre en son l'histoire ...
D'autres pistes au quotidien
Organiser physiquement la classe en coin d'intérêts,
l'aménagement peut même être matérialisé pour intelligences :
coin regroupement (inter-personnel)
coin "bio" (naturaliste)
coin géographie (espace, ...)
coin histoire ...
Un exemple d'icônes pour matérialiser les coins : octofun
et varier les modalités de supports :
- on peut se rapprocher des méthodes canadiennes avec
un centre de littératie, où différentes approches de la lecture interviennent:
lecture à soi (intra-personnelle), à deux (inter-personnelle), écouter et comprendre une histoire (musicale/auditive) etc ...
On retrouve sur le net pas mal de sites autour de ces centres,
notamment sur la méthode DECLIC, ou CAFE
c2 : CP, l'école de Julie
c3 : la classe de Mallory
- ou bien évidemment choisir de diversifier et d'appréhender de multiples apprentissages par le biais d'ateliers divers où les élèves manipulent,
à un ou à plusieurs, ...
C2 : CP nurvero (math, lecture, Montessori,
Questionner le Monde,oral, mur de mots ...)
C2 : CE1 école de Crevette (math, lecture)
c3 : On retrouvera entre autre le fonctionnement PEMF, pidapi, ...
- ou encore des entrées façon "Montessori" qui font manipuler sur toutes les matières par des ateliers à la carte ou plutôt au plateau !
langage, math, cabinet de géographie, zoologie, botanique, histoire, sensibilité ...
Là encore, de nombreux sites très bien faits, éducation nationale ou pas :
Les ateliers et la théorie des apprentissages ?
Comprendre les modèles d'apprentissages pour des choix pédagogiques éclairés.
Où se situe une démarche avec des ateliers ?
Quels apports ? Quelles limites ?
Un petit retour sur la théorie de l'apprentissage peut être nécessaire
pour recadrer et penser notre action pédagogique en connaissance de cause.
un cours complet et très bien fait est disponible :
Théorie de l'apprentissage et pratiques d'enseignement
par Gérard Barnier, formateur, IUFM Aix-Marseille
J'ai mis un lien direct vers ce PDF,
car la page du site ac-dijon l'hébergeant n'est plus disponible.
Je vous propose un tableau plus synthétique.
et comme nul n'est parfait, ne maîtrisant pas entièrement le contenu
faute de connaissances approfondies sur le sujet,
les initiés ne devront pas hésiter à proposer des aménagements si nécessaires ...
je le propose donc en modifiable !
On entrevoit tout de même qu'une approche par ateliers, qui plus est autonomes o mieux personnalisés (!), nous rapproche tout de même un peu plus des socio-constructivistes ...
mais attention ... dans nos postures du quotidien, si on y réfléchit, on adopte et enchaîne différentes postures relevant des différents champs de la théorie de l'apprentissage. Nulle apologie d'un champ n'est faite, il faut juste être conscient de ces choix du moment (réflexivité)
Alors autant bousculer un peu plus nos zones de proche développement !!! :
Adapter l'apprentissage, oui, mais en a-t-on pris vraiment les dimensions ?
Tous différents, une réponse pour tous ?
oui, mais ...
L'enjeu n'est pas d'apporter à chaque élève une réponse personnelle, avec conseils, leçons et exercices personnels. Nul ne peut y répondre dans le contexte d'une classe et le mot classe lui-même n'aurait plus grand sens.
L'enjeu n'est pas non plus d'apporter une réponse spécifique uniquement aux élèves les moins avancés, laissant ainsi tous les autres.
Il se situe plus sur la possibilité d'apporter des solutions adaptées à tous les élèves, les respectant en tant que personnes,
en équilibrant les temps d'individualisation et les temps collectifs
"Le principal dilemme de la pédagogie :
personne ne peut apprendre à la place d'un autre et, en même temps,
on apprend mieux à plusieurs"
Sylvain Connac - La personnalisation des apprentissages
Une petite vidéo pour illustrer :
Un topogramme pour les visuels pour avoir un aperçu des variables !
C'est ce livre qui m'a inspirée pour créer
cette partie d'animation, vous y retrouverez tous les domaines développés :
Un dernier document récent à vous conseiller,
très bien fait, issu de mon département (22),
que je ne peux mettre qu'en PDF car prélevé de mon bureau numérique ...
pour distinguer différenciation, individualisation et personnalisation
cadre départemental pour l'accompagnement des élèves en difficulté
et qui, à mon goût, ne s'applique pas qu'aux élèves en difficulté !
Maintenant, si on croisait ces données
pour une réalisation effective dans la classe quel que soit le fonctionnement ...
et ensuite avec un fonctionnement de classe en ateliers autonome ...
1- apprentissage "socio-constructiviste"
Les élèves sont acteurs, actifs, impliqués car responsables.
Les ateliers proposent bien souvent une situation problème à résoudre
Étant auto-correctifs pour la plupart, l'élève mesure l'attente,
est confronté à un statut de l'erreur lui permettant soit de modifié seul sa représentation initiale, soit de demander l'aide d'un pair ou encore celle de l'enseignant.
Le tutorat, la coopération sont autorisés.
2- Dimension affective et émotionnelle
Les ateliers sont des "traces éphémères", ou l'erreur est autorisée ...
Le tutorat, l'aide, l'entre-aide sont autorisés ...
L'enseignant, non bloqué sur un atelier à encadrer est plus disponible,
ce qui est su de l'élève.
3- La motivation
La liberté de choix, de mouvement, le côté manipulation, le cadre de classe,
le droit à l'erreur, les essais-erreurs, la valorisation ...
y contribuent
4- L'évaluation
Les ateliers permettent une évaluation plus formative.
Le livret de suivi/réussite est déjà une première étape plus respectueuse
et adaptée pour le côté sommatif.
Idéalement il faudrait poursuivre !
Quand l'élève s'en saisit alors pour lui-même, l'évaluation devient formatrice.
Le portfolio pourrait être une réponse, et des outils pour évaluer autrement ...
5- Individualisation - coopération
C'est le contenu du contrat de travail qui joue ce rôle,
ainsi que l'aiguillage/conseil de choix d'ateliers adaptés, individuels ou collectifs
6- Un cadre sécure
Un quoi de neuf, des entretiens (Freinet), le conseil collaboratif de fin de semaine,
une éducation au lexique des émotions et des besoins,
travail sur l'empathie, l'EMC ... y contribuent.
Les temps de regroupement et les activités de classe entière
jouent un rôle primordial lorsqu'on travaille en ateliers autonomes/personnalisés,
pour maintenir un côté social fort, d'unité de statut d'écolier/élève.
Il ne faut en effet pas sous-estimer
le sentiment d'appartenance dans la construction de l'élève.
Ces temps, de qualité et constructifs,
doivent donc aussi être pensés (!)
pour fédérer et faire vivre son groupe classe.
Pour une organisation de classe en ateliers autonomes
L'organisation matérielle ciblée de ma classeQuelles pédagogies ?
Leurs apports - leurs limites
Elles sont dites "nouvelles", mais datent à peu près de l'entre-deux guerres et voulaient s'opposer à la construction d'enfant-soldat pour révéler un idéal,
où l'enfant pourrait être élevé dans la tolérance et le respect de sa personne,
où l'apprentissage de la liberté construirait un adulte plus serein qui éviterait à nouveau de sombrer dans les affres de la guerre ...
On comprend qu'à l'arrivée de la seconde guerre mondiale, elles ont été un peu mises à mal ... mais des idéaux ont perduré.
De nos jours, où le contexte géopolitique et économique se durcit à nouveau,
où le recentrage sur l'élève des dernières lois d'orientation est mis en avant ,
ou l'engouement parental pour l'épanouissement personnel de leur enfant se développe,
où le phénomène de l'école à la maison se développe,
on en entend donc de plus en plus souvent reparler de ces pédagogies "nouvelles", parfois hélas avec un côté fort mercantile.
Mais force est de constater qu'elles apportaient des innovations porteuses et efficaces, et une approche pratique prenant en compte l'enfant et proposant de le rendre acteur et actif.
Pour replonger dans l'histoire et donc mieux se situer :
un formidable reportage historique avec documents d'époque pour illustrer a été diffusé en septembre sur Arte :
On ne va pas redéfinir ici le mot pédagogie, l'exercice n'est pas à ma portée et dépend de trop de paramètres, mais on peut tout de même mettre en alerte sur la fréquente association et donc confusion entre les pédagogies nouvelles et leurs moyens de mise en œuvre : leurs outils pédagogiques et/ou techniques de classe associées.
Pour cette partie j'ai repris une partie d'un travail de présentation de Maria Montessori,
proposé par Sylvaine, qui tient le blog
et que je remercie chaleureusement !
Qui est Maria Montessori ?
Née en 1870, elle devient la première femme médecin italienne à l’âge de 26 ans.
Au début de sa carrière, elle s’occupe d’enfants en situation de handicap pour lesquels elle crée un matériel et un environnement spécifique en s’appuyant sur les travaux de deux médecins français, Jean Itard et Edouard Seguin.
En 1906, elle a l’occasion d’utiliser ce matériel avec des enfants ordinaires, via la création de la première « Maison des enfants » (Casa dei bambini) qui connaîtra un vif succès. D’autres « Maisons des enfants » verront rapidement le jour en Italie, en Europe et aux États-Unis. Jusqu’à son décès en 1952, elle poursuit cette expérimentation auprès d’enfants plus âgés.
Elle publie ses travaux dans trois tomes intitulés « La Pédagogie Scientifique ».
Quels sont les grands axes de la pédagogie Montessori ?
Une phrase-clé résume à elle seule la pédagogie Montessori :
« aide-moi à faire tout seul ».
Il s'agit de comprendre l'individu, d'interpréter ses attitudes, de l'aider à développer ses potentialités.
par une approche liées aux sens
par la création d'une ambiance
(milieu physique proportionné aux enfants, préhension facile)
par une relation pédagogique où l'enseignant n'est qu'accompagnant
et où l'enfant gère ses apprentissages selon son rythme et ses choix
Quels outils ?
Pour atteindre cet objectif, Maria Montessori a inventé un ensemble de matériels didactiques qui suit une progression rigoureuse allant du plus simple au plus complexe, du concret à l’abstrait. Ce matériel repose sur des valeurs fondamentales :
-
Il isole les difficultés : chaque difficulté est isolée de telle sorte que l’enfant puisse mieux percevoir la tâche à accomplir, la comprendre et l’assimiler.
-
Il est sensoriel : la compréhension est facilitée grâce à la manipulation, et à l’impact visuel laissé dans le cerveau de l’enfant grâce à tous les sens mis en éveil.
-
Il est adapté à l’enfant : le poids, la taille et la maniabilité du matériel permettent à l’enfant de manipuler le matériel de manière autonome. Il n’a pas besoin de demander de l’aide pour réaliser son travail.
-
Il est auto-correctif : le matériel permet aux enfants de comprendre par eux-mêmes lorsqu’il y a une erreur. Cela participe au renforcement d’une estime de soi plus positive puisque l’enfant est seul face à son erreur. Il lui est alors possible de refaire l’activité autant de fois qu’il le souhaite jusqu’à trouver seul la bonne réponse.
-
Il est harmonieux : le matériel est coloré et attire l’œil des enfants. Chaque matériel est propre et bien rangé. L’enfant aura alors envie d’y toucher et de travailler avec.
Dans quel cadre pédagogique puis-je utiliser ce matériel en classe ?
En classe, il est possible d’utiliser le matériel Montessori , après en avoir ciblé les compétences inhérentes, pour les proposer en complément de fiches ou de fichiers « classiques », de sa méthode de lecture....
Pour cela, des créneaux de travail en ateliers devront être libérés ( classe partagée en plusieurs groupes ou ateliers autonomes à la journée). Une présentation du matériel est nécessaire en amont, ou en atelier encadré.
Pour les élèves sans difficulté, ces ateliers de manipulation seront un moyen de réviser certaines notions, de les conforter et stabiliser. Pour des élèves moins avancés, ces ateliers permettront une phase de manipulation, voire une différenciation.
Lors de séances de soutien (Activité Pédagogique Complémentaire), ce matériel sera alors présenté et manipulé en groupe de très petite taille. Pour permettre aux élèves concernés de réinvestir ces séances de soutien dans le travail quotidien, le matériel devra leur rester accessible. Ainsi, ils pourront poursuivre leur manipulation. Il sera aussi important d’aider ces élèves à faire le lien entre le matériel présenté pendant les séances de soutien et le travail fait pendant la classe en utilisant les exercices sur fiches.
Le matériel serait donc un complément au travail « classique » fait en classe.
Il permet d’aborder les notions par le biais de la manipulation parfois indispensable pour certains élèves.
Les limites ou points à garder en tête !
Une approche par l'usage du matériel uniquement ne peut être associée à "une pédagogie Montessori",
on en utilise en effet que les outils.
Pour se rapprocher de l'esprit,
tout en restant dans le cadre Éducation Nationale,
il faut retravailler en amont sur sa façon d'appréhender l'élève et les apprentissages :
L'apprentissage ne peut être exclusivement transmissif
L'organisation ne peut être exclusivement en mode frontal
Le rythme de l'élève doit être pris en compte
Un climat bienveillant et sécure doit être envisagé
L'organisation physique de la classe doit être adaptée
Le suivi individuel des élèves pensé et outillé
Le rôle et l'action de l'enseignant est à redéfinir
Le cadre Éducation Nationale impose des distances vis à vis de cette pédagogie:
Le rythme d'acquisition des connaissances ne peut être laissé libre.
Le socle commun et les programmes restent le cadre de travail.
Le statut de l'évaluation et la nécessité de son existence posés.
Où trouver des sites sur le net pour des activités Montessori ?
Quand je me suis mise à rechercher quel avait été l'élément déclencheur qui m'a poussé à changer de pédagogie,
je crois que la réponse est cette vidéo :
ça paraissait évident, simple, limpide ...
moi qui m'escrimais à faire faire des additions posées à mes CP, sans matériel concret, sans référence aux quantités, sans compréhension certaine de la dizaine ...
Un pas à penser que je ratais des étapes essentielles...
J'ai parcouru du coup l'approche Montessori des maths, puis découvert les dictées muettes, puis les cartes de nomenclature pour le côté lecture/écriture...
Or il était impossible d'investir dans du matériel pour tous les élèves,
et ce serait matériellement de toute façon ingérable en classe.
Il fallait donc approfondir la didactique des maths
de l'approche de la lecture
de l'approche de l'écriture
et du coup, adapter la pédagogie en changement le fonctionnement de la classe ...
Il a fallu
- parcourir les vidéos du net, anglaises ou pas sur le sujet
- prendre des idées sur les sites de maternelle
car très peu de fonctionnement visible pour l'élémentaire, notamment C2, et quelques sites pour C3
- la dernière source, c'est pinterest, qui regorge d'idées lorsqu'on tape Montessori
Le livre ou le site de Céline Alvarez donne aussi des pistes,
notamment les conférences qui y sont annexées,
sur les découvertes en neurosciences et celle du docteur Gueguen.
Un site détaille l'ensemble de sa pédagogie : l'ICEM
On peut noter que l'éducation nationale accepte au son sein cette pédagogie, contrairement à Montessori.
Une petite carte mentale pour résumer un peu :
On voit donc que, petit à petit, quelques outils de cette pédagogie
arrivent dans nos classes ...
(quoi de neuf, conseil coopératifs ...)
Quels "garde-fous" ou distance à prendre
avec les pédagogies nouvelles?
4 points parmi d'autres, extraits d'une analyse de Philippe Perrenoud sur les pédagogies nouvelles, fort intéressante, que vous pouvez retrouver ici:
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1997/1997_05.html
1- N'assimiler ces pédagogies qu'à leurs outils : moyens de mise en œuvre
conseil de classe, imprimerie, correspondance scolaire, matériel Montessori, projets, texte libre, quoi de neuf?
Les utiliser peut être porteur et intéressant, mais incorporés à la didactique des disciplines, en lien avec des compétences ciblées, évaluées.
2- Risquer l'enfermement dans une différence
individualiser sans incorporer une dimension socialisante ouvrirait la porte à l'individualisme ou l'isolement
3- Vouloir respecter l'enfant et l'enfermer dans un rythme propre,
c'est risquer l'attentisme,
c'est risquer une perte d'exigence qui fait pourtant le lien entre le scolaire et la compréhension du monde dans lequel on vit.
Nos programmes scolaires préviennent ce risque.
4-L'évaluation
respecter le rythme de chacun, éviter sélection et compétition restent des principes des pédagogies nouvelles, mais elles mentionnent peu quelles évaluations sont pratiquées. La dérive serait d'éviter l'évaluation (pas d'évaluation, pas d'échec )
or, sans évaluation, pas de régulation des apprentissages
Mettre en réussite, oui, mais une pédagogie de la réussite passe par une évaluation
la rendre bienveillante, porteuse ou positive ne sera que porteur.
TROISIÈME PARTIE
Comment concrètement mettre en place des ateliers autonomes ?
Un fonctionnement spécifique :
Une journée en ateliers autonomes au CP
Voici un film retraçant la vie de notre classe,
fait avec les moyens du bord
et monté en tout artisanat ! Merci de votre indulgence !
Des zooms sur des "coins" de la classe
Une classe en îlots, avec un coin regroupement
Des ateliers rangés par domaines
math / langage, lecture, écriture
le coin écoute
3 à 4 places pour l'écoute d'une histoire
ou pour un atelier Retz
J'ajoute ici un article fait dans un second temps mais qui s'intègre bien ...
Il y est question d'organisation spatiale :
http://lavieenclasse.eklablog.com/des-ateliers-autonomes-par-quel-bout-le-prendre-a130409808
Le mur de mots est une pratique qui nous vient d'outre-atlantique.
J'introduis les mots de vocabulaire en regroupement, par thème.
Des activités, ateliers, jeux sont mis en parallèle.
Les grandes étiquettes sont apposées sur le mur de la classe,
des plus petites sont collées individuellement
dans chaque cahier de vocabulaire des élèves.
Ils servent de base pour la composition d'une phrase libre par jour.
Vous pouvez retrouver tous les thèmes, étiquettes, ateliers/jeux
en cliquant sur l'icône ci dessous :
Côté géographie
Travail libre sur mappemondes,
des paniers par continents contenant images, livres, animaux, nomenclature ...
livre des drapeaux, jeux des drapeaux ...
tout le projet est : ici
Ce qui est privilégié, c'est la curiosité,je réponds aux élèves demandeurs, mais je n'impose pas l'apprentissage des notions par tous, elles ne sont d'ailleurs pas au programme du CP
Comment tout couvrir ?
L'emploi du temps reste de mise
Comment rester dans les clous ?
Un compromis entre des journées d'ateliers avec 3 créneaux
et d'autres plus conventionnelles,
mais avec une différenciation différentes
(carnet de recherches ...)
Un contrat de travail garanti la vitesse minimale d'acquisition des compétences
- en lecture/phono
- en math
- et écriture : composition et geste
Comment des activités jugées dépendantes
et donc trop physiques pour être faites quotidiennement ?
(faire écrire/composer les élèves)
sont au contraire rendues possibles ....
Ces activités sont diffusées/lissées sur les créneaux d'atelier,
les élèves sollicitent certes, mais du coup, pas tous en même temps,
ce qui devient gérable. De plus, l'enseignant n'étant pas en charge d'un atelier,
il a plus de temps pour aider à la composition.
Autre avantage,
L'auto-correction est possible et la réalisation finale se fait dans la journée.
Une forme différente de différenciation :
c'est l'élève qui s'adapte à sa consigne !
ex : écris toutes tes façons de décomposer 8 ...
choisis deux nombres et compare-les ...
une consigne contrat, minimale,
mais non limitative ...
Des idées ci-dessous :
Compléments, vidéos, ... à retrouver ci-dessous
Pour conclure
Fonctionner en ateliers autonomes pourrait passer
pour une pratique originale,
mais si on reprend tout ce fil théorique,
l'idée ne nous est-elle pas un peu soumise ?
Chacun y trouvera sûrement de quoi amorcer réflexions ou pratiques !
Il me reste encore des chantiers de travail,
approfondir tout ceci, plus réfléchir
à une mise en place réelle et effective
d'une dimension bienveillante, notamment par une évaluation positive,
en évaluant autrement, notamment grâce au portfolio.
Nurvero/
Les autres pistes de réflexions (vocabulaire, ...) sont à retrouver
dans la rubrique ci-dessous :
Pour une organisation en maternelle :
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